SEPOLCRO :Une passion de Vienne à Venise. Marc'Antonio Ziani & Antonio Vivaldi /création 2024
Si tous les musicologues Vivaldiens s’accordent pour dire que les ressemblances dans l’écriture d’Antonio Vivaldi et Marc’Antonio Ziani sont évidentes, la relation entre les deux hommes ne fut malheureusement jamais prouvée. L’une des hypothèses les plus probables serait que Ziani ait été le maître du prêtre roux. Pourtant si la notoriété de l’un traversa les âges pour s’ériger aujourd’hui comme l’un des plus grands compositeurs de l’époque baroque, l’œuvre de l’autre est tombée dans l’oubli.
Depuis quelques années, l’Escadron récolte les œuvres de cet émigré Napolitain entre Venise et Vienne où il œuvra durant sa vie. Au fur et à mesure que les manuscrits se dévoilent, ce ne sont que surprises tellement le corpus de Marc’Antonio nous révèle à chaque page des trésors de contrepoint, d’harmonie, d’orchestration, véritable clé de voûte entre les styles des XVIIe et XVIIIe siècles. Cet homme qui dédia la première moitié de sa vie à l’opéra, régnant en maître sur les planches de la sérénissime, finira sa carrière à Vienne en tant que Hofkapellmeister à la cour des Habsbourg de Lepold Ier puis de Charles VI, et se dédiant au genre l’oratorio et particulièrement du Sépulcre.
Le Sepolcro ou Azione Sacra est, entre 1660 et 1730 une tradition typiquement autrichienne et caractéristique de la cour impériale, joué durant de la Semaine sainte. Il s'agissait d'un drame de forme allégorique issu des mystères du Moyen Âge et de la Renaissance, que l'on exécutait sur l'arrière-plan d'une reconstitution du Saint Sépulcre dans l'une des chapelles du Hofburg, le plus souvent le Vendredi ou le Jeudi saint. Durant le règne de Léopold Ier puis de Charles Vl, Ziani en a écrit 11, dont les sujets sont issus des scènes de la Passion. Il Sepolcro nell'orto, composé en 1711, met en scène la mise au tombeau du Christ, et le livret du napolitain Silvio Stampiglia nous retranscrit d’une manière particulièrement efficace les déplorations des cinq protagonistes.
La vie d’Antonio Vivaldi recèle encore des mystères. On se trompe souvent en l’imaginant bien établi à Venise et travaillant pour l’Ospedale de la Pieta toute sa vie car c’est tout le contraire, il n’a jamais cessé de chercher les meilleures rémunérations possibles et de se faire connaître au monde entier. On ne sait pas s’il a vraiment rencontré le puissant empereur Charles VI, mais il lui a au moins dédié deux recueils de 12 concerti, intitulés tous les deux « La Cetra » (La Lyre, emblème des Habsbourg) et on peut supposer qu’il a œuvré à maintes reprises pour tenter d’obtenir sa protection. Malheureusement pour lui, lorsqu’il s’établit enfin à Vienne en 1740, Charles VI meurt soudainement, jetant l’empire dans le désarroi et condamna la musique au silence durant une grande période de deuil. Vivaldi ne survivra pas à ce coup du destin et mourra quelques mois plus tard, dans la pauvreté et l’oubli.
Ce programme est donc un rêve, celui de recréer un Sépulcre de Ziani, de révéler ses merveilles qui sommeillent depuis 300 ans, d’y adjoindre la musique de Vivaldi, la part la plus viennoise de celle-ci, et imaginer la carrière qu’il aurait pu faire au sein du plus bel orchestre du début du XVIIIe siècle.
Maria Maddalena Eugénie Lefebvre
Maria Giaccobe Maïlys de Villoutreys
Veronica William Shelton
Giuseppe d'Arimatea Davy Cornillot / Antonin Rondepierre
Nicodemo Renaud Brès / Nicolas Brooymans
PROGRAMME DÉTAILLÉ
Marc Antonio Ziani (1653-1715)
Oratorio Il Sepolcro Nell'Orto
Lectiones pro defunctis
Antonio Vivaldi (1678-1741)
Kyrie en sol mineur RV 587
Credo en mi mineur RV 591
Magnificat en sol mineur RV 610
Sinfonia al Santo Sepolcro RV 168
ARGUMENT
À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus...
